Après avoir écrit un premier roman ensemble, le 42ème président des États-Unis et l’écrivain-phénomène signent un nouveau thriller politique. Retour sur un duo détonant et une œuvre déjà culte.
D’un côté, prenez l’auteur de thrillers le plus lu au monde, un story-seller comme seul l’Oncle Sam est capable d’en produire (parfois). Faites-le travailler avec un ancien chef d’État, l’un des hommes politiques les plus populaires de son pays et donc l’un des meilleurs connaisseurs des arcanes de la Maison Blanche… Bill Clinton - James Patterson, c’est le ticket-gagnant capables de remporter les suffrages de tous lecteurs. Lorsque qu’est publié Le Président a disparu, leur première collaboration en 2018, le succès est immédiat : 3,2 millions d’exemplaires vendus dans le monde entier, dont plus de 40 000 en France.
Pour ce nouvel opus, ils ont imaginé un président néo-retraité, ex-membre des Navy SEAL (les commandos de la marine, ndla). Loin de couler des jours paisibles dans son ranch du New Hampshire, sa fille est subitement kidnappée par un terroriste, provoquant une crise nationale majeure. Ce scénario catastrophe, échafaudé par le maître du suspense Patterson et mené comme les meilleurs épisodes d’une série U.S, a été patiemment enrichie par l’épaisseur du réel. « D’abord, on se met d’accord sur le plan du livre. Ensuite James me dit Okay, ton boulot c’est d’en faire quelque chose d’authentique. Il m’envoie un brouillon de quelques chapitres et on passe tout en revue, page après page », explique modestement l’ancien chef d’État dans une interview au Time. « Et si vous ajoutez au côté haletant du récit la crédibilité du président Clinton - ce que les services secrets feraient dans une situation donnée par exemple - ça fait de bonnes histoires », résume l’écrivain, sûr de sa formule magique.
Au départ, c’est un ami en commun, le ténor du barreau new-yorkais Robert Barnett qui a joué les entremetteurs de circonstance. Déjà auteur d’une autobiographie et de plusieurs essais politiques, Bill rêvait secrètement de fiction. Difficile de trouver meilleur partenaire que James, auteur de plus de 150 ouvrages en quarante ans de carrière.
Après cette deuxième collaboration, les deux hommes ont trouvé leur marque. « On a fini par devenir assez copain » assure Patterson, qui raconte que « Bill » et lui s’appellent régulièrement par téléphone. Quitte à s’autoriser parfois quelques vacheries… Âgés de 73 et 74 ans, les deux compères ont le cuir épais. « Pour mon dernier anniversaire, il m’a offert une cave à cigare alors qu’il sait très bien que je ne fume pas », raconte Patterson. « Je lui ai dit : Bill, c’est toi l’expert en cigares! Je lui ai demandé s’il valait mieux que j’y range des chocolats ou des chewing-gums. Et il m’a répondu: Clairement, mets-y des chewing-gums parce qu’à ton âge, mieux vaut faire un peu fonctionner tes dents ». On ne passe pas huit ans à la tête des Etats-Unis sans avoir développé un certain sens de la répartie…
Paul Sanfourche