Un économiste part en voyage en Europe en espérant que la distance prise avec la France lui révélera les atouts de son pays. C’est l’inverse qui se produit. Au sud, la Grèce a été décimée par la crise mais le pays commence à se reconstruire. Le Portugal et l’Espagne retrouvent peu à peu l’esprit entrepreneurial des grandes découvertes. À l’est, Autrichiens, Suisses et Allemands considèrent qu’ils ont réglé le problème du chômage. Au nord, les Britanniques se sont attaqués à la question de la pauvreté en mettant en place une immense réforme éducative. Les Hollandais ont réformé de fond en comble leur système de santé. Les Danois, peuple le plus heureux au monde, entendent faire de leur pays un paradis pour les entreprises pour revenir rapidement au plein-emploi. Les Suédois ont sauvé leurs retraites. Dans tous ces pays, les débats politiques sont rudes, sans concession. On désigne les problèmes et on essaie de les régler, avec plus ou moins de bonheur. La France, elle, préfère fermer les yeux et refoule ses difficultés, continuant de vanter en pilotage automatique son hôpital, ses écoles, ses monuments ou ses infrastructures. Les Français ne sont pas déprimés parce qu’ils sont moins intelligents, moins travailleurs ou moins innovants, mais parce qu’ils manquent de lucidité.