Enquête sur le déni de grossesse
29 juillet 2006 à Séoul. Un ingénieur français, Jean-Louis Courjault, dont la femme et les deux enfants passent les vacances d’été en France, s’apprête à entreposer du poisson dans un congélateur d’appoint situé dans l’arrière-cuisine de l’appartement familial. Tous les tiroirs sont pleins. C’est en essayant de trouver une place dans le troisième qu’il découvre un sac en plastique blanc opaque d’où dépasse une petite main. Intrigué, il ouvre le sac et découvre un corps de bébé. C’est le début de la plus hallucinante des affaires d’infanticide, « l’affaire des bébé congelés ».
Après avoir alerté la police, téléphoné à sa femme qui semble hébétée, Jean-Louis Courjault est autorisé à rentrer en France. Dans un premier temps, le couple crie à la manipulation, au complot industriel, jusqu’à ce que, le 12 octobre, au commissariat de Tours, Véronique passe aux aveux. Oui, c’est elle qui a tué et congelé ses deux enfants. Elle avoue même un troisième infanticide à Villeneuve-la-Comtesse, précisant qu’elle a brûlé le corps du nouveau-né dans la cheminée familiale. Le mari, lui, bénéficie très vite d’un non-lieu.
Face à pareille horreur, la France s’interroge. Comment une mère de famille peut-elle dissimuler sa grossesse et se livrer à de tels crimes, pourquoi le congélateur ? Comment le couple a-t-il résisté à cette macabre aventure ?Marie-Pierre Courtellemont est journaliste. Elle a enquêté au sein de la famille Courjault, écouté longuement les confidences du mari, reconstitué le parcours de Véronique qu’elle raconte comme un roman, fait le point avec les spécialistes et recueilli des témoignages sur le « déni de grossesse », une maladie courante mais peu connue du grand public.