Eline a toujours vécu au Moulin du Ceroux. Elle a vu son mari Léo le construire, pierre après pierre, dompter la rivière qui sépare la propriété entre la maison principale d’un côté avec le four à pain et le pressoir et les dépendances de l’autre, où désormais elle vit, depuis que Léo est mort et que le Moulin a été repris par leur fils Anton et sa famille. C’est là à l’écart qu’elle observe son monde : le Moulin bien sûr, comptant les sacs de blé entrant et les sacs de farine en ressortant et au-delà les ardoises grises des toits de Cariac et la Dordogne qu’elle n’a jamais quittée. Longtemps elle a cru que rien ne pouvait ébranler la vie paisible des habitants de son village, loin du grondement du monde, meuniers, boulangers, charbonniers… qu’elle connaissait depuis l’enfance et qui lui confiaient leurs secrets. Mais la guerre puis l’Occupation ébranlent ses certitudes, la privant d’Anton engagé dans la Résistance et de sa belle-fille, morte en couches et la laissent seule avec trois enfants. Eline fait front en songeant au temps où tout rentrera dans l’ordre, où son clan se tiendra autour d’elle, à nouveau réuni. Cet avenir, son fils Anton y songe lui aussi avec Hélène, résistante comme lui et qu’il aime éperdument. Avec elle, il pourra reprendre le Moulin, retrouver ce qui lui a tant manqué, voir grandir ses enfants et leurs enfants. Affronter de nouveaux drames, ensemble, avec une sagesse et une force nouvelles.